Samedi 13 août 2005
Cette fois c'est un peu l'aventure. Nous ne savons pas exactement ou nous dormirons la nuit prochaine et la météo annonce de la pluie et des orages dans l'après-midi. En fait voilà la stratégie que nous avons finalement retenue :
- Rejoindre le bivouac Bonvecchio
o Si ce dernier est déjà bien (trop) occupé, se diriger vers Constanzi
• Si ce dernier est également pris, descente sur Malga
• Sinon, nuit à Constanzi
o Sinon nuit à Bonvecchio et descente sur Dimàro le lendemain.
Nous avons abandonné l'option descente vers Malè car elle ne semble pas offrir d'intérêt particulier. De plus, n'ayant pas commencé notre périple comme initialement prévu de San Lorenzo in Banale il n'y pas d'obstacle moral à descendre vers Dimàro ou plus probablement Falgorida.
Nous partons vers 7h00 et le temps est exceptionnellement clair ce matin. Laurence emprunte le sentier 336 avec une radio et nous montons vers le Passo del Grostè avec l'autre. Nous avons décider d'utiliser le sentier 390 et de nous retrouver à la jonction de ces deux itinéraires. Le sentier Vidi est d'abord aérien puis emprunte une belle vire à l'ouest, sous la Pietra Grande. Un peu avant d'arriver à une épaule nous découvrons une sorte de banc qui a été installé à la mémoire des frères Vidi dans un renfoncement du rocher. J'imagine que ça doit faire un bon abri en cas de mauvais temps. En tous cas, la vue sur le massif de la Brenta d'ici est imprenable.
Nous retrouvons Laurence comme prévu et continuons en direction de la Bocchetta dei tre Sassi. Le rocher est ici assez différent de ce que nous avons vu depuis le début de notre séjour. Ce dernier est plus proche d'un calcaire classique et donc plus compact mais aussi plus travaillé par l'érosion. Avant d'arriver au col, nous découvrons une très belle et relativement imposante fenêtre dans la montagne. Au col, Jérôme et Laurence nous quitte pour redescendre par le val gelada di Campiglio. C'est la fin du périple pour eux et le début d'un nouveau secteur équipé pour nous.
Depuis ce matin je scrute les traces d'éventuels randonneurs qui auraient décidés du même trajet que nous. Depuis que nous avons retrouvé Laurence je n'ai pas vu de nouvelles traces fraîches et les trois personnes que nous avons vu depuis un peu avant n'allaient pas dans cette direction. Néanmoins, je suis inquiet et nous partons devant avec Gilles pour trouver rapidement ce bivouac. Nous laissons une radio à Vincent. Du Passo di Val Gelada une belle remontée dans un pierrier nous attend. Nous sommes ensuite sur une jolie crête et nous ne prenons pas le temps de gravir la cime du Sasso Alto et de Sassara pourtant très proches. Nous sommes concentrés sur notre objectif : Bivouac Bonvecchio.
Sous la cime Sassara, je trouve des empreintes de pas toutes fraîches. Il y a de fortes chances que nous ne soyons pas les premiers, espérons qu'ils ne soient pas trop nombreux.
Nous passons une nouvelle épaule et toujours pas de traces de bivouac. Nous commençons à douter quand le nuage compact dans lequel nous sommes de nouveau se déchire et laisse apparaître une sorte de plateforme (?!) Seraient-ce les restes de notre bivouac ? Pas possible le gardien de Graffer nous aurait prévenu... Ouf, le fenêtre de clarté s'ouvre un peu plus et laisse entrevoir un petit bâtiment en tôle rouge en contrebas.
Il est 11h30 et à priori il n'y a personne. Une lecture rapide du carnet de bord (c'est un refuge sans gardien même si sur la carte est écrit « Bivacco ») ne me laisse aucun doute sur la fréquentation de ce lieu. Tous les jours depuis le début de l'été des gens sont passés ou ont séjourné. Au vu de l'aggravation météo, nous ne serons certainement pas seuls ce soir.
Le refuge est complètement habillé de bois et très, très propre. Curieusement bien qu'on soit sur une crête une toute petite source coule (max. 1 l/mn) à une vingtaine de mètre en face de la porte du refuge, un peu en contre bas.
Je compte en tout 6 couchettes et nous sommes déjà 7. Patrice et Véro s'installent dans le même lit qui est relativement large. Il reste un bon stock de matelas et de couvertures (au moins 4 matelas en mousse et une bonne dizaine de couvetures).
Vers 16h00 les premières gouttes d'eau commencent à tomber et elles nous amènent nos premiers co-occupants : un groupe de trois trailers qui vont à Graffer depuis le lac de Tovel. Un peu après, deux randonneurs de Bolzano se joignent au groupe. Enfin, en pleine averse deux jeunes peu équipés viendront se réfugier à leur tour. Je crains que le chiffre n'augmente encore mais il restera finalement de 14 personnes. Je crois que nous avons eu de la chance. Dans le même temps je me demande si nous n'atteignons pas ici la limite de ce qui est réalisable avec un groupe d'une petite dizaine de personne. Il faudrait probablement un refuge gardé dans ce secteur.
Gilles et Sylvie libèrent une couchette à la grande joie des nouveaux arrivants. Nous mangeons tôt et rapidement malgré un réchaud en moins (problème technique sur un des trois réchauds). Nous libérons ensuite la place en nous couchant sur nos banquettes. Nos compagnons s'organisent rapidement après le repas et trouvent une configuration optimale. Je crois que personne n'a eu froid cette nuit là...