Tour de la Brenta - Dolomites Occidentales Août 2005
Lundi 8 août 2005
Cette fois je suis à l'heure mais pour changer c'est Gilles qui pour le coup n'y est pas. Il est 6h00 et je pense que les autres au rendez-vous vont commencer à s'impatienter. Finalement il arrive et après avoir réglé 2/3 détails nous partons vers 6h15 de Sophia. Il fait beau même si nous essuyons une averse orageuse au niveau de la Turbie. Nous sommes rapidement sur l'A10 l'autoroute « dei fiori » (i.e. des fleurs) vers Gênes. Un peu avant cette dernière nous remontons vers Alessandria puis Pacienza, Brescia, Verona ou nous remontons vers le col du Brenner (frontière avec l'Autriche). Nous nous arrêtons pour faire le plein un peu avant Trento et décidons de déjeuner une fois sortis de l'autoroute. D'ailleurs nous sortons peu de temps après et nous remontons la vallée de « Non » depuis la sortie San Michele. Nous prenons la route de Tuenno car je dois vérifier avec l'auberge qu'ils nous attendent bien le dimanche 14. La culture de la vigne laisse rapidement place à des champs de pommiers équipés d'impressionnants systémes d'arrosage. Tous les versants cultivables sont recouverts de cet arbre fruitier et les coopératives semblent porter le nom d'un géant bien connu de l'agroalimentaire. C'est pas ici qu'on trouvera des pommes bio...
Nous nous arrêtons au bord de la route pour déjeuner et Patrice en profite pour récupérer un auto-collant d'un genre un peu douteux qui finira par atterrir sur son casque. Au moins on saura que c'est le sien.
A Tuenno tout est bon, les chambres nous attendent dimanche soir. Nous rattrapons à Cles la route principale qui nous mène à Dimaro puis par une route en lacets à Madonna di Campiglio. Le parking sous les remontées mécaniques est payant et très cher pour une semaine complète. Ne voyant pas Jérome nous décidons d'aller dans le centre du village pour louer une longe pour Pascal. Village qui est séparé en deux et dans le centre duquel les voitures ne circulent pas. Il faut emprunter un tunnel pour aller du nord au sud et vis et versa.
Pascal trouve son bonheur à 25 Euros la semaine et nous repartons vers les remontées mécaniques où nous attendent Laurence et Jérôme. Nous (Gilles et moi) nous garons finalement au bord de la route en espérant la tolérance de la municipalité... En tous cas nous ne gênons personne.
Nous prenons finalement le télécabine jusqu'au plus haut. Le temps d'admirer le paysage au dessus de l'arrivée et nous redescendons en 10 mn au refuge Graffer. Juste le temps pour s'apercevoir qu'il fait beau mais relativement froid pour un mois d'Août (pas plus de 15° à la station à 1600.
Le refuge Graffer (SAT – CAI) est très beau et ressemble beaucoup plus à un hotel d'altitude qu'à un refuge. Nous préparons les sacs poubelle qui doivent rester jusqu'à vendredi. Je croise les doigts pour qu'ils soient encore la à notre retour. D'après le gardien, la où nous les déposons il n'y aura pas de soucis. Je suis très impressionné par le poids de ces trois sacs. Je pense que certains vont être très chargés pour les deux dernières étapes.
Mardi 9 août 2005
Ma montre sonne, il est 6h00 et nous ne partirons finalement que vers 7h15 voire 7h30 dans un brouillard épais. Ce qui surprend ici tout d'abord c'est le nombre de marques rouges ou rouges et blanches que l'on voit partout sur les pierres, les rochers, les équipements. Il y en a souvent tous les 5 mètres. Dans cette purée de pois je m'aperçois que ce n'est pas superflux et je suis même passé à côté du sentier plusieurs fois. L'avantage, c'est que quand on ne voit plus ces traits de peinture on peut se dire qu'il y a un problème.
La brume se dissipe en dessous de la cime Grostè mais pas la petite chanson que m'a mis (sans le vouloir) Patrice dans la tête : « Ouvre moi la porte » d'Enrico Massias. Nous croisons une famille française de 4 personnes (père, mère et deux grandes filles) que nous reverrons souvent pendant notre séjour.
Nous entamons notre premier sentier équipé sur une vire qui passe complétement à droite de la cime Grostè. Je crois que ce terme « sentier équipé » est plus approprié car de via ferrata comme celles que nous avons l'habitude de fréquenter dans le département il n'y en a point. Ici les « vie ferrate » sont des voies de communication d'un endroit à l'autre du massif et n'ont pas été faites à l'origine pour le tourisme ou le plaisir
Nous progressons bien ce qui nous donnes le loisir de gravir la cime Falkner (2999m) par un temps relativement clair maintenant. La descente est cependant assez longue sans compter une erreur de parcours de ma part. Nous déjeunons sur les tables devant le refuge. Ici, beaucoup de monde venu pour la journée pour une petite ballade via le téléphérique. Gilles se mets en colère contre une nymphette qui vient de renverser son sac dans la poussière pour la deuxième fois :
« - P'tain mon sac !
- Scusi, scusi...
- Peuvent pas faire attention ! »
Le refuge Tuckett est composé en fait de deux bâtiments. Nous sommes installés dans le plus anciens qui n'a pas beaucoup changé depuis sa construction. Le refuge est comble mais le service rapide et efficace. Avant le repas nous revoyons quelques manip de mouflage qui à priori ne devraient pas servir. Nous profitons aussi pour s'essayer sur les blocs autour des cabanes. Un peu plus tard après le repas, Patrice nous fera une petite séance de révision des nœuds : cabestan, demi-cabestan, bouline, huit, les auto-bloquants mais aussi des nouveaux moins utilisés comme le nœud de relais, le Dufour etc.
Mercredi 10 août 2005
Réveil 6h00 avec un temps splendide, c'est l'étape la plus dure et j'espère qu'on ne va pas mettre plus d'une heure à se préparer. Patrice et Véro partent les premiers vers 6h55. Je part en dernier avec Jérome et Laurence vers 7h05. Finalement on se retrouve rapidement tous à l'attaque du glacier. Celui-ci est bien gelé et sans hésitation nous sortons les cordes, les piolets et les crampons. Nous prenons Pascal au passage qui avait essayé de s'aventurer quelques mètres et était resté figé de panique sur la glace (après le bon rocher ça a de quoi surprendre). Peu de temps après nous sommes à la brêche de Tuckett et nous entamons la Via delle bochette alte.
Le début est assez raide avec quelques échelles. Nous frisons une nouvelles fois les 3000 mètres d'altitude et passons quelques brêches (bochetta) avant de passer au-dessus du refuge Alimonta. La Bochetta Bassa dei Massodi et très impressionnante par son étroitesse et la petite traversée à réaliser. Nous essayons de la faire sans toucher une seule fois le câble. Une traversée sous la Cima dei Armi va nous amener à l'attaque le la « Via delle Bochette Centrali ». Il faut la aussi remonter un petit glacier beaucoup plus plat que celui de Tuckett et dont la surface est transformée à cette heure de la journée.
Le temps se couvre et nous déjeunons vers 13h00 dans le vent et le froid. C'est dans le brouillard que nous commençons le plus beau (d'après les guides) des sentiers. La vue se dégage quand même pour nous laisser admirer le Campanile Basso. J'attrape presque le « tournis » à parcourir du regard une des parois de ce dernier, continue et verticale sur à peu prés 1000 mètres. Une descente et une remontée sur un petit glacier nous amènent juste au dessus du refuge Pedrotti. Il est 16h00 et il nous reste au moins 2h00 pour gagner le refuge Agostini d'après les indications. Je parts devant avec Vincent. Les temps donnés sur les panneaux me découragent tant ils sont irréalistes. J'arrive au refuge vers 17h50 mais j'ai presque couru pour arriver là. Le reste du groupe arrivera vers 19h00.
Le refuge Agostini est magnifique, très propre, bien équipé avec de vastes chambres. Ce sera le plus beau de tous. L'ambiance familiale y est également très agréable et ce dernier n'est pas surpeuplé comme les autres. Tous le monde apprécie d'en avoir terminé avec cette étape tant redoutée.
Jeudi 11 août 2005
Levé 7h30, aujourd'hui c'est un peu une étape de repos. La durée de marche ne devrait pas dépasser les 4 heures. La première montée est raide et nous nous retrouvons au sortir des brumes matinales face à un grand cirque dans le fond duquel repose un glacier. Nous chaussons de nouveau les crampons et suivons les petits drapeaux qui conduisent au premières échelles de notre sentier. Ce dernier contourne la « Cima Tosa » et bientôt nous nous retrouvons de nouveau dans le brouillard. Nous croisons une famille Anglaise rencontrée la veille sur la via centrale qui s'était arrêtée à Pedrotti. Un instant le voile se déchire nous laissant admirer un panorama fantastique entre le Campanile basso et le sommet de la Brenta. Bien vite tout se referme et nous n'avons plus qu'à descendre sur le refuge Pedrotti.
A cette heure la (un peu plus de midi) le refuge est quasi vide. Nous en profitons pour prendre un plat de pâtes qui s'avérera bien cher pour la qualité et la quantité. De plus, le service n'est pas des meilleurs. Nous comprendrons un peu plus tard que le manque de personnel ici est flagrant (deux fois moins de serveurs au moins que dans les autres refuges pour la même fréquentation).
Dans l'après midi pendant que certains font la sieste nous décidons avec Patrice, Jérome, Véro et Pascal d'aller faire un tour sur les crêtes du « Croz del Rifugio » dont le gardien nous a donné le topo (sommet qui fait face au refuge et côté II mais disons que c'est plutôt du III+). Gilles nous surveille et garde une radio en cas de problème. Nous franchissons quelques ressaut dont un sur une vire très exposée ce qui permet de revoir ou de voir en détail toutes les manipulations de corde. Malheureusement le temps se couvre franchement et nous devons redescendre au refuge. Les premières goûtes d'eau arrivent avant le refuge annonciatrices d'un déluge qui durera toute la nuit.
Entre temps, les clients sont arrivés en masse et je ne retrouve même plus les savates que j'avais pourtant soigneusement cachées. Heureusement Gilles me donne une paire de chaussons type Hôtel qu'il avait dans son sac.
Les randonneurs continuent d'arriver mais cette fois-ci tous plus trempés les uns que les autres. Un de ces derniers semble même avoir pris la foudre tellement ses yeux sont en permanence écarquillés. Les délires fusent en tous sens et nous passons un moment de franche rigolade. L'ambiance est excellente. Nous ne comprenons pas tout de suite mais comme le refuge est plein, les nouveaux arrivant (qui n'ont pas toujours de réservation) sont orientés vers une annexe en contrebas.
Après le repas Jérôme découvre qu'on lui a subtilisé deux piles de son chargeur. Heureusement que ce sont celles de son appareil photo et pas celles du GPS ! Nous évoquons les vols en montagne qui sont malheureusement de plus en plus fréquents, tout fout le camp...
Il est maintenant temps de se coucher. Je me roule dans les bonnes couvertures en laine du refuge en entendant la plus qui redouble à l'extérieur.
Vendredi 12 août 2005
Il est 6h00, l'heure du réveil. La pluie a cessée et le temps est clair. Tout le monde est prêt rapidement. Nous perdons un peu de temps au petit déjeuner (service lent car pas assez nombreux) et vers 7h30 nous sommes de nouveau sur le sentier. Le temps est clair même si ce soleil blanc et ce temps pommelé ne m'inspirent pas confiance.
Cette fois-ci plus de via ferrata mais un vrai bon sentier qui nous offre un panaroma fabuleux sur le Campanile Basso entre autres.
Nous progressons très vite aidés par l'absence de névé. Au bout de 2h30 à peine nous sommes tous à la Bocca del Tuckett.
Vu notre avance et les conditions météo qui se maintiennent, nous décidons de rentrer sur Graffer par le sentier Benini et notamment la partie que nous n'avons pas faite mardi.
Une série d'échelles nous mène face au Castelletto Superiore. De là nous connaissons la suite même si la remontée vers la Bocca Alta di Vallesinella n'est pas de tout repos. Le brouillard s'installe de nouveau et nous décidons de consommer nos vivres de course à la Bochetta dei Camosci.
Deux options s'offrent à nous : rentrer par le sentier Benini ou couper par un passage en pointillés noirs sur la carte. Nous optons pour la deuxième option sauf Jérôme et Laurence qui rentreront par les câbles. Je donne une radio à Jérôme et nous partons dans un large éboulis qui mène assez rapidement à un col. De temps à autre le ciel se dégage nous permettant d'apercevoir la descente. Ici il n'y a plus de peinture rouge seules quelques veilles boites de conserve rouillées nous indiquent que des gens sont passés par là. Sur un replat, nous sommes enveloppés d'un brouillard de type Londonien et la visibilité se réduit à quelques mètres. Après une recherche dans deux directions nous trouvons le passage quasi obligatoire dans un éboulis à main gauche sous la cime Grostè. Plus bas, nous trouverons de petits drapeaux jaunes qui nous conduiront à un col sans nom (alt. 2562) d'où nous reprendrons le sentier 331 vers le refuge Graffer.
Jérôme et Laurence sont déjà là depuis longtemps et on pu vérifier que notre matériel pour les deux derniers jours est toujours présent.
Nous nous installons dans un des dortoirs du dernier étage et chacun vaque à ses activités. Pour ma part, douche et lessive car je sais qu'ici je pourrai faire sécher mon linge. J'avais en effet opté pour un nombre de change minimum comptant faire une lessive chaque soir. Le lavage n'a pas posé de problème contrairement au séchage qui s'est avéré très délicat malgré la présence systématique de séchoir dans les refuges. Une hygrométrie très souvent supérieure à 90% et un soleil régulièrement voilé n'ont pas permis non plus un séchage en journée. Fort heureusement nous ne prendrons jamais la pluie pendant ce séjour.
A Graffer nous retrouvons notre serveuse française et notre gardien montagnard. La première nous fait part de sa surprise devant le nombre de Français dans le secteur cette année, le deuxième nous donnes de précieuses indications sur les bivouacs.
Nous fêtons l'anniversaire de Jérôme et apprenons une bien triste nouvelle : Roger Ribuot est décédé en randonnée dimanche dernier. Sylvie essaie d'avoir plus d'info mais par SMS la discussion est un peu compliquée. C'est le choc pour tous ceux que le connaissaient et je vais avoir bien du mal à trouver le sommeil cette nuit là.
Samedi 13 août 2005
Cette fois c'est un peu l'aventure. Nous ne savons pas exactement ou nous dormirons la nuit prochaine et la météo annonce de la pluie et des orages dans l'après-midi. En fait voilà la stratégie que nous avons finalement retenue :
- Rejoindre le bivouac Bonvecchio
o Si ce dernier est déjà bien (trop) occupé, se diriger vers Constanzi
• Si ce dernier est également pris, descente sur Malga
• Sinon, nuit à Constanzi
o Sinon nuit à Bonvecchio et descente sur Dimàro le lendemain.
Nous avons abandonné l'option descente vers Malè car elle ne semble pas offrir d'intérêt particulier. De plus, n'ayant pas commencé notre périple comme initialement prévu de San Lorenzo in Banale il n'y pas d'obstacle moral à descendre vers Dimàro ou plus probablement Falgorida.
Nous partons vers 7h00 et le temps est exceptionnellement clair ce matin. Laurence emprunte le sentier 336 avec une radio et nous montons vers le Passo del Grostè avec l'autre. Nous avons décider d'utiliser le sentier 390 et de nous retrouver à la jonction de ces deux itinéraires. Le sentier Vidi est d'abord aérien puis emprunte une belle vire à l'ouest, sous la Pietra Grande. Un peu avant d'arriver à une épaule nous découvrons une sorte de banc qui a été installé à la mémoire des frères Vidi dans un renfoncement du rocher. J'imagine que ça doit faire un bon abri en cas de mauvais temps. En tous cas, la vue sur le massif de la Brenta d'ici est imprenable.
Nous retrouvons Laurence comme prévu et continuons en direction de la Bocchetta dei tre Sassi. Le rocher est ici assez différent de ce que nous avons vu depuis le début de notre séjour. Ce dernier est plus proche d'un calcaire classique et donc plus compact mais aussi plus travaillé par l'érosion. Avant d'arriver au col, nous découvrons une très belle et relativement imposante fenêtre dans la montagne. Au col, Jérôme et Laurence nous quitte pour redescendre par le val gelada di Campiglio. C'est la fin du périple pour eux et le début d'un nouveau secteur équipé pour nous.
Depuis ce matin je scrute les traces d'éventuels randonneurs qui auraient décidés du même trajet que nous. Depuis que nous avons retrouvé Laurence je n'ai pas vu de nouvelles traces fraîches et les trois personnes que nous avons vu depuis un peu avant n'allaient pas dans cette direction. Néanmoins, je suis inquiet et nous partons devant avec Gilles pour trouver rapidement ce bivouac. Nous laissons une radio à Vincent. Du Passo di Val Gelada une belle remontée dans un pierrier nous attend. Nous sommes ensuite sur une jolie crête et nous ne prenons pas le temps de gravir la cime du Sasso Alto et de Sassara pourtant très proches. Nous sommes concentrés sur notre objectif : Bivouac Bonvecchio.
Sous la cime Sassara, je trouve des empreintes de pas toutes fraîches. Il y a de fortes chances que nous ne soyons pas les premiers, espérons qu'ils ne soient pas trop nombreux.
Nous passons une nouvelle épaule et toujours pas de traces de bivouac. Nous commençons à douter quand le nuage compact dans lequel nous sommes de nouveau se déchire et laisse apparaître une sorte de plateforme (?!) Seraient-ce les restes de notre bivouac ? Pas possible le gardien de Graffer nous aurait prévenu... Ouf, le fenêtre de clarté s'ouvre un peu plus et laisse entrevoir un petit bâtiment en tôle rouge en contrebas.
Il est 11h30 et à priori il n'y a personne. Une lecture rapide du carnet de bord (c'est un refuge sans gardien même si sur la carte est écrit « Bivacco ») ne me laisse aucun doute sur la fréquentation de ce lieu. Tous les jours depuis le début de l'été des gens sont passés ou ont séjourné. Au vu de l'aggravation météo, nous ne serons certainement pas seuls ce soir.
Le refuge est complètement habillé de bois et très, très propre. Curieusement bien qu'on soit sur une crête une toute petite source coule (max. 1 l/mn) à une vingtaine de mètre en face de la porte du refuge, un peu en contre bas.
Je compte en tout 6 couchettes et nous sommes déjà 7. Patrice et Véro s'installent dans le même lit qui est relativement large. Il reste un bon stock de matelas et de couvertures (au moins 4 matelas en mousse et une bonne dizaine de couvetures).
Vers 16h00 les premières gouttes d'eau commencent à tomber et elles nous amènent nos premiers co-occupants : un groupe de trois trailers qui vont à Graffer depuis le lac de Tovel. Un peu après, deux randonneurs de Bolzano se joignent au groupe. Enfin, en pleine averse deux jeunes peu équipés viendront se réfugier à leur tour. Je crains que le chiffre n'augmente encore mais il restera finalement de 14 personnes. Je crois que nous avons eu de la chance. Dans le même temps je me demande si nous n'atteignons pas ici la limite de ce qui est réalisable avec un groupe d'une petite dizaine de personne. Il faudrait probablement un refuge gardé dans ce secteur.
Gilles et Sylvie libèrent une couchette à la grande joie des nouveaux arrivants. Nous mangeons tôt et rapidement malgré un réchaud en moins (problème technique sur un des trois réchauds). Nous libérons ensuite la place en nous couchant sur nos banquettes. Nos compagnons s'organisent rapidement après le repas et trouvent une configuration optimale. Je crois que personne n'a eu froid cette nuit là...
Dimanche 14 août 2005
Levé 6h00 pour ne pas changer avec de nouveau le beau temps. Nous déjeunons rapidement et laissons la place aux trois trailers qui semblent bien prêts à profiter de notre départ pour occuper les couchettes et récupérer un peu de sommeil.
Les deux petits jeunes partent vers Graffer. Quant à nous, nous partons avec les Italiens-Autrichiens (ils ne parlent qu'allemand entre eux) vers le Passo di Prà Castron.
Le sentier passe très proche de certains sommets que nous n'hésitons pas à gravir comme le Paradiso. La progression est rendue délicate à cause de la pluie et de la boue. Le rocher est devenu très glissant et surtout pour les marcheurs de queue.
Il y a ici plus de vie. Le 100% minéral a laissé place à de l'herbe très verte. On trouve aussi du Génépi même s'il est moins beau que celui du Mercantour. Patrice et Véro vont voir quelques marmottes. On croise également régulièrement des crottes très fraîches de cervidés sans jamais les voir. C'est encore plus glissant que la boue !
Finalement, après de multiples brèches nous arrivons sur une très belle crête puis par un plateau au col sous le Sasso Rosso, énigme géologique. Je pense que si Thierry était là il pourrait sûrement nous en dire plus sur ce curieux gros cailloux rouge.
Pascal me fait part de son intention de rallier l'hotel (à Tuenno) à pied. Je ne peux m'opposer à son choix lui rappelant quand même quelques règles de sécurité. Il part avec une radio et des horaires de vacation à respecter.
Nous faisons une halte au refuge Constanzi. Visiblement des gens venant de Graffer sont passés ici hier soir vers 18h00. Peut-être les traces que j'avais vu sous la Cima Sassara ?
Ils sont descendu vers Malga sans passer la nuit ici.
Nous prenons le sentier 365 jusqu'au Passo del Cavazàl. Le sentier plonge littéralement vers Diméro. Nous sommes maintenant dans une forêt de sapin très humide. Je suis assez à l'aise avec mes bâtons dans ce terrain. Les genoux fléchis et le poids du corps sur les orteils, j'arrive assez bien à diriger mes petits pas rapides.
Nous finissons nos vivres de course au pont qui traverse le torrent Mefedrio. Une remontée d'une bonne centaine de mètres nous amène vers 14h00 à Folgarida.
Nous remontons avec Gilles à pied vers les voitures et le pouce levé de ce dernier nous permet de retrouver (ouf ! elles sont toujours là) rapidement nos voitures.
Il commence à pleuvoir et je m'inquiète pour Pascal. Je n'ai pas vraiment pu l'avoir lors des dernières vacations radio. Il est trop loin et la vallée est trop encaissée.
Après une navette ratée et le dépôt de matériel à Madonna nous prenons la route vers Tuenno sous une pluie battante. J'espère que Pascal est à l'abri quelque part ?
Nous sommes à l'auberge et soulagement, Pascal est là aussi. Il a finalement fait du stop dès qu'il a pu trouver une route. A 13h30 il était au village ramené par des ramasseurs de champignons.
Après une bonne douche et un petit apéro au bar de l'hôtel nous allons dîner dans une pizzeria repérée par Pascal. Visiblement c'est le lieu de rencontre du village et il y a déjà du monde même s'il est assez tôt dans la soirée. La carte est impressionnante : plus de 100 pizzas différentes ! J'opte pour une aux champignons frais (visiblement des pieds de mouton) et je ne serai pas déçu. Le prix est aussi incroyable : entre 4 et 5 Euros. Il y a même un soir dans la semaine ou toutes les pizzas sont à 4 Euros, comme le dit une affiche que j'aurai un peu de mal à comprendre...
Lundi 15 août 2005
C'est l'heure du retour et le réveil se fait vers 8h00. Le petit-déjeuner est Gargantuesque avec des gâteaux, des yaourts, plusieurs jus de fruits des croissants fourrés, des pains au chocolats etc. Nous partons repus pour quelques heures.
Sur la route nous essayons de nous arrêter pour faire quelques courses mais nous sommes le 15 août jour férié très respecté en Italie, rien n'est ouvert. Nous arrivons à Mouans-Sartoux en milieu d'après-midi.
Voilà c'est fini pour cette année. Où irons nous l'année prochaine ? On reparle du Pelvoux, on évoque le Portugal et les pays de l'est comme la Roumanie et pourquoi pas plus loin encore : la Mongolie, l'Australie, la Nouvelle Zélande... Qui vivra verra !
Synthèse des courses
Lundi 8 août 2005 |
Jeudi 11 août 2005 |
Dimanche 14 août 2005 |
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Transport en voiture |
Refuge Agostini vers Refuge Pedrotti |
Bivouac Bonvecchio vers Dimaro |
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Temps de marche : 3h30 |
Temps de marche : 6h00 |
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Dénivelé positif : 500 m |
Dénivelé positif : 400 m |
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Dénivelé négatif : 410 m |
Dénivelé négatif : 1700 m |
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Distance parcourue : 5 Km |
Distance parcourue : 10 Km |
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Heure de départ : 9h00 |
Heure de départ : 7h00 |
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Heure d’arrivée : 13h00 |
Heure d’arrivée : 14h00 |
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Mardi 9 août 2005 |
Vendredi 12 août 2005 |
Lundi 15 août 2005 |
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Refuge Graffer vers Refuge Tuckett |
Refuge Pedrotti vers Refuge Graffer |
Transport en Voiture |
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Temps de marche : 5h00 |
Temps de marche : 6h30 |
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Dénivelé positif : 800 m |
Dénivelé positif : 850 m |
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Dénivelé négatif : 850 m |
Dénivelé négatif : 1050 m |
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Distance parcourue : 7,5 Km |
Distance parcourue : 12 Km |
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Heure de départ : 7h30 |
Heure de départ : 7h30 |
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Heure d’arrivée : 13h30 |
Heure d’arrivée : 15h00 |
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Mercredi 10 août 2005 |
Samedi 13 août 2005 |
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Refuge Tuckett vers Refuge Agostini |
Refuge Graffer vers Bivouac Bonvecchio |
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Temps de marche : 11h00 |
Temps de marche : 4h00 |
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Dénivelé positif : 1350m |
Dénivelé positif : 1100 m |
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Dénivelé négatif : 1200 m |
Dénivelé négatif : 150 m |
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Distance parcourue : 13 Km |
Distance parcourue : 8 Km |
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Heure de départ : 7h00 |
Heure de départ : 7h30 |
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Heure d’arrivée : 19h00 |
Heure d’arrivée : 12h30 |
Liens et informations Utiles
Les Refuges
Sécurité sur Via Ferrata
http://www.ffme.fr/via-ferrata/index.htm
La Météo
http://www.ilmeteo.it/meteo/Madonna+di+Campiglio
Conseils pour l'hébergement
Pour la réservation dans les refuges, vu la fréquentation mieux vaut le faire tôt (en mai par exemple). Il faut également contacter les gardiens chez eux en période de fermeture (avant mi-juin). Uniquement un refuge (Agostini) nous a demandé d'envoyer des arrhes ce que nous avons fait par mandat internationnal.
Nous avons quasiment toujours pris nos vivres de courses (lunch packet) dans les refuges (entre 5 et 8 Euros pour un ou deux sandwiches, une pomme et une barre de chocolat et de temps en temps 1/2 litre d'eau).
En ce qui concerne les hôtels dans la vallée, ils sont très chers et ne prennent généralement pas les gens pour une nuit. Nous avons donc trouvé cet hôtel de très bonne qualité pour un coup très raisonnable à quelques kilomètres de Madonna di Campiglio (Auberge de Tuenno). C'est toujours préférable de se reposer un peu avant de repartir.
Matériel Collectif
- Cordes (4x30)
- Descendeurs (x2) - pas utilisés -
- Mousquetons à vis (x4)
- Maillons rapides (x2)
- Sangles (x6)
- Poignée (x1) - pas utilisée -
- Poulie (x2) - pas utilisées sauf exercice -
- Tibloc (x2) - pas utilisées sauf exercice -
- Mousquetons de progression ou dégaines (x4)
- Boussole
- Portable
- GPS et cartes (Kompass 688 et 73)
- Radios (x2)
- Piolet (x4)
- Crampons (x4)
Pour le bivouac
- Réchaud (x3) et cartouches de gaz (x5)
- Grandes gamelles métalliques (x3)
Matériel Individuel
- Baudrier
- Casque
- Mousqueton à vis
- Longes avec absorbeur de choc
- Gants en cuir (type gants de jardinage: ne pas prendre le bas de gamme)
- Sac à viande
- Parka type Goretex
- Gants légers
- Casquette et bonnet
- Guêtre
- Pantalon de montagne et pantalon léger de rechange ou sur-pantalon imperméable
- Tshirts respirants (x2)
- Polaire(s) (une épaisse et une fine en fonction des conditions)
- Crème solaire et stick à lèvres
- Lunettes de soleil
- Chaussettes et sous-vêtements de rechange
- Nécessaire de toilette minimum
- Gourde
- Pharmacie personnelle
- Couverture de survie
- Barre de céréales / fruits secs
- Sur-sac
- Lampe frontale
- Papiers (identité / passeport, carte sécurité sociale, licence FFRP/CAF etc.)
Pour le bivouac
- Sac de couchage léger
- Gamelles + couverts
- Nourriture lyophilisée
Coût
Cette semaine nous est revenue à 300 Euros à peu près par personne, transport inclus sans les boissons et consommations personnelles diverses (avec réduction CAF dans les refuges: environ 9 Euros).
Bibliographie
- Les Nouvelles Randonnées du Vertige (Pascal Sombardier / Glénat)
- 107 Via Farrata (Gérard Papamdréou / Glénat)
- Montagne Magazine N° 292 Avril 2005
Photos
Gilles Liberti, Jérôme Vélardi, Patrice Declementi, Vincent Deplano
Textes et web
Joël Cornuau