Mercredi 14 juillet
Une randonnée ... de remplacement
Il est bien vrai comme l'affirme le vieil adage que, si "l'homme propose, Dieu dispose" : la sortie envisagée pour ce jour, dans les montagnes faisant face à la station, l'hubac du massif des Aravis, n'a pu se faire.
Il pleut depuis la veille au soir, l'orage, violent, a tambouriné une bonne partie de la nuit, et quand nous nous rassemblons pour le petit déjeuner il pleut encore, quoique plus faiblement.
Après la substantielle collation, la pluie a cessé mais le temps reste couvert et la brume noie tout, jusqu'à mi-hauteur des montagnes. La sagesse impose de renoncer, ce que nous décidons d'un commun accord. Quartier libre pour tous et pour la matinée.
Certains en profitent pour se rendre en voiture à la Clusaz ou au Grand Bornan où se tient le marché hebdomadaire. Nous nous retrouverons dans la salle de restaurant pour le déjeuner et décider, en fonction du temps de ce que nous ferons l'après-midi.
Après le repas, le temps s'est éclairci assez pour nous permettre d'envisager une sortie de remplacement. Justement, Pierre Jourdain qui connaît bien ce coin de Savoie a repéré en fin de matinée une possible sortie dans les environs du Grand-Bornand, à savoir, le lac de Lessy, par le plateau de Samance et l'Aiguille verte (ne mas confondre avec celle mondialement connue du massif du Mont Blanc.
En voiture donc, pour la Clusaz, St Jean de SIXT ? LE Grand-Bornand, son hameau de Chinaillon et la route du col de la Colombière.
Le sentier démarre peu avant le col. Il redescend dans un creux herbu où les vaches paissent non loin d'un chalet, franchit un ru sur un pont de rondins et s'élève peu à peu au milieu de gros blocs et d'étendues herbeuses.
Nous laissons sur notre droite la sente qui conduit au départ d'une via ferrata.
La montagne qui nous domine se termine par une falaise et quatre grimpeurs, accrochés à la paroi, progressent lentement vers un replat.
Notre marche continue en bordure de pâturages dont nous ouvrons et refermons les barrières. Le plateau de Samance traversé, la pente devient plus raide. Certains passages, ravinés, sont très glissants.
Jusque-là bien soudé le groupe s'éparpille : Jacques caracole seul en tête , Joseph et votre conteur suivent plus loin, un peu en avant du reste de la troupe.
Arrivés à un col, carrefour de plusieurs sentiers, nous prenons celui de droite.
Il s'élève un peu en contre-bas de l'Aiguille verte, la bien nommée car une herbe courte mais drue pousse jusqu'à son sommet, traverse à flanc la montagne pour arriver à un ensellement. Le lac de Lessy, en forme de haricot, est à nos pieds. On remarque quelques chalets d'estive, un peu au-dessus de la rive nord du lac.
Des nuages montent, couvrent le ciel. Un peu de brouillard même. Les eaux du lac paraissent glauques, l'herbe, grise. Quelque chose de fantomatique se dégage du paysage, un peu de mélancolie distillée par un loch écossais, perdu dans la lande brumeuse.
Pas un cri, pas un bruit. Moutons et vaches paissent, beaucoup plus bas.
Nous retournons. Jacques nous a précédé. Les autres suivent et nous croisent.
Arrivés au col, Joseph et moi marquons l'arrêt pour attendre le retour de nos compagnons.
M'écartant de quelques pas à la recherche, à l'abri d'un coin abrité du vent, afin de revêtir un tee-shirt sec, j'ai l'agréable surprise de me trouver presque nez à nez ….. avec un jeune bouquetin. Le gracieux animal, aisément reconnaissable à sa robe plus claire et se fines cornes plus longues que celles des chamois, ne semble aucunement effarouché par ma présence. Il m'observe un long moment sans broncher puis se remet à brouter les touffes de l'herbe dont il est friand
.
Avançant dans sa direction, vers une petite combe entourée de rochers, je tombe sur tout un troupeau de ces jolies bêtes, parure vivante de nos montagnes.
Je fais un signe de la main à Joseph qui me rejoint, ravi à son tour de contempler le troupeau, toujours éparpillé dans la pâture.
On nous avait bien dit à l'hôtel, que dans ce secteur, proche du Grand-Bornant, les bouquetins étaient en nombre, et, habitués au passage des marcheurs, peu farouches, mais nous ne pensions pas qu'ils fussent si faciles à approcher.
Le reste de l'équipe nous rejoint et se réjouit du spectacle. Nombreuses photos prises pour garder une trace durable de l'événement.
Quand nous reprenons la longue descente vers les véhicules le troupeau est encore là, éparpillé dans sa pâture des hauteurs.
L'heure avance. Les voitures retrouvées, nous filons vite pour retrouver l'hôtel avant le repas du soir.
Finalement, cette journée si mal commencée s'est terminée dans l'euphorie.
Au dire de tous, le spectacle du troupeau de bouquetins valait à lui seul le déplacement et personne ne regrettait les fatigues de la longue marche.