Massif des Aravis juillet 1999
En juillet 1999 a été organisée une randonnée estivale d'une semaine, en Savoie, dans le massif des Aravis. Notre secrétaire, Roger Ribuot, a eu la bonne idée d'en rédiger un compte-rendu, non dénué d'humour comme vous pourrez le constater.
Un grand merci à Catherine qui en a assuré la saisie informatique, et à son père, qui a numérisé les photos.
Les récits détaillés de chaque journée sont accessibles directement à partir de la fenêtre à droite
- Dimanche 11 juillet 1999 : La combe de la grande Forclaz
- Lundi 12 Juillet 1999 : Les Confins : la Combe de Borderan.
- Mardi 13 Juillet 1999 : Des Confins au Grand-Bornand.
- Mercredi 14 Juillet 1999 : Une randonnée ... de remplacement
- Jeudi 15 Juillet 1999 : Journée de détente .
- Vendredi 16 Juillet 1999 : Les confins : combe de la Balme
Dimanche 11 juillet 1999
La Combe de la Grande Forclaz
Une bonne nuit de sommeil - la fraîcheur et le calme du lieu s'y prêtent - nous ayant bien remis des fatigues du long voyage, toute l'équipe (douze adultes et une fillette) se retrouve dans la salle de restaurant de l'hôtel pour le petit déjeuner, copieux et bien venu. Chacun prend ensuite le panier-repas préparé par notre hôte.
Les sacs bouclés, nous voilà partis en direction du col des Confins, terminus de la petite route goudronnée sur un vaste parking, à 1479 m d'altitude.
Beaucoup de voitures y sont garées, avec quelques randonneurs, reconnaissables à leur équipement, et nombre de simples promeneurs.
Une large piste de terre part sur notre gauche, traversant tour à tour des pâtures à l'herbe drue et haute, et des écharpes de bois mêlant épicéas et sapins, essences très reconnaissables à la disposition de leurs aiguilles.
Ce chemin, où alternent de légères montées suivies de courtes descentes, continue presque de niveau vers l'Est, pour ne gagner de l'altitude que peu avant le refuge de la Bombardellaz que nous atteignons à la côte 1601 m. Là, changement de direction. Nous prenons à droite un sentier qui grimpe rapidement à travers la forêt. Le groupe de randonneurs, jusque-là bien compact, s'effiloche rapidement sur la pente raide et les "bons" grimpeurs creusent l'écart. Mais, l'esprit d'équipe l'emportant, comme toujours au Club (!), quelques courts arrêts permettent le regroupement des "mangeurs".
La vue est superbe sur la vallée du Borne : le Bouchet à nos pieds, le Grand-Bornand vers l'ouest, et leurs nombreux chalets de bois dispersés à l'orée des forêts ou en bordure des prairies. Au-dessus du royaume des arbres, de vastes alpages montent à l'assaut des sommets. Partout le vert domine : vert sombre des conifères, vert tendre de l'herbe. Beaucoup de fleurs dans les herbages : fines aigrettes blanches des reines des prés, trolls d'un jaune magnifique, touffes denses d'épilobes roses, des gentianes, la grande jaune et la délicate petite bleue, des pensées, touffes d'arnica, de myosotis qui parent de leur fines corolles bleues les creux de roches et se contentent pour vivre d'une pincée de terre. Par places, de vastes parterres de rhododendrons commencent à fleurir dans les coins les mieux exposés.
Nous continuons de grimper : l'altimètre indique 1700 m, puis 1800m. Courts paliers, permettant de souffler, et durs raidillons se succèdent. Nous longeons de nombreux névés nichés dans les creux. Encore un effort dans les lapiazs burinés par le gel et nous atteignons la Combe de la Grande Forclaz à 2001 m d'altitude
. Deux monts l'entourent et la dominent : le Mont Fleuri (2511m) à gauche et l'Ambrevetta à droite qui culmine à 2501m.
Entre ces deux sommets, la Combe abrite un large névé qui, sur 1,5 km environ remonte jusqu'au Passage de la Grande Forclaz, un col à 2311m.
Le chemin continue dans un pierrier, et, à peine visible, zigzague en lacets à travers l'imposante masse neigeuse, durcie par le froid , d'un blanc sale.
Faute de piolets pour tous, et surtout de crampons pour tenir sur la glace, nous décidons sagement de ne pas nous y aventurer, simplement de le longer un moment et de le fixer sur la pellicule. Malgré la saison avancées, maints névés subsistent, partout où la neige s'est entassée sur une grande épaisseur.
La benjamine du groupe, la mignonne Sabine, qui n'a pas onze ans et dont la foulée souple peut rivaliser aisément avec celle de marcheurs chevronnés, est aux anges, fière d'être photographiée sur un névé, dans un environnement de très hautes cimes.
Dans moins de deux mois, à son entrée en 6ème au Collège de Mouans-Sartoux, elle en aura à raconter à ses camarades de classe. Bravo, Sabine !
Plus de forêts ici, ni d'herbages (nous sommes sur le versant nord du massif des Aravis et l'hubac accentue les effets de l'altitude), mais une zone d'éboulis importants, surtout au pied de la falaise de l'Ambrevetta. La roche fissurée, gorgée d'eau, éclate sous les effets combinés et antagonistes du gel et du dégel, et les débris s'accumulent au pied des cimes, les éléments les plus gros roulant plus bas et plus loin, d'où ces blocs parfois énormes, que nous contournons.
L'heure avance et visiblement le temps commence à se gâter. Des cumulus, de plus en plus nombreux, grossissent, s'agglutinent, et le brouillard, qui estompe les crêtes, descend sur le névé.
Prudemment, nous rallions un coin plus abrité, plus clément, pour le pique-nique rituel, la longue marche ayant aiguisé les appétits.
Une zone de roches plates, permettant un bivouac presque confortable, paraît propice. Installons-nous ! Panier-repas tiré du sac, tout à la fois copieux, savoureux et varié -l'hôtelier a bien fait les choses- melons équitablement répartis par Pierre, Joseph faisant de même pour le fromage, les dents ne chôment pas et tout est rapidement ….. mis à l'abri, surtout que la peur du mauvais temps nous talonne.
Cris et vols de choucas, ces corbeaux des montagnes qui, dès notre départ, s'abattront sur les lieux de notre festin pour en dévorer les moindres restes.
Tiens ! quelques gouttes espacées voltigent.
"Il va pleuvoir", dit Jeannine. Dépêchons-nous de filer ! Sous un ciel devenu gris nous remballons nos affaires, et en route pour la descente !
Le retour s'avère malaisé par endroits sur les pierres rendues glissantes par la pluie, tombée sans crier gare et de plus en plus épaisse.
Quelques-uns, plus avisés, avaient enfilé leurs ponchos dès le départ. Plus bas, dans la forêt retrouvée, à l'abri d'un gros sapin, ceux qui ne l'avaient pas fait tantôt revêtent leurs vêtements de pluie, indispensables car l'averse redouble de force. Nous atteignons vite le refuge de la Bombardellaz et la longue piste qui y conduit. Coups de tonnerre, pluie cinglante.
Beaucoup de promeneurs, ou randonneurs, surpris par l'orage, un moment arrêtés sous l'abri précaire d'un bouquet d'épicéas, se hâtent de regagner le parking du col des Confins, pataugeant dans les ruisselets d'eau boueuse.
Un peu de descente , sur la route cette fois, et nous voilà à l'abri douillet de l'hôtel.
Malgré les intempéries qui avaient perturbé la sortie, nous étions heureux de cette première randonnée dans les Aravis !
Lundi 12 Juillet
Les Confins : la Combe de Borderan
Départ à 8h30 après le petit déjeuner, comme à l'accoutumée copieux.
La randonnée commence par une série de montagnes russes épousant le versant nord de la montagne. Nous marchons tour à tour sur une large piste, permettant à l'O.N.F l'exploitation aisée des forêts, ou sur un étroit sentier qui s'élève en lacets et redescend par de courts raidillons au gré de la configuration des pentes.
Si les prés de fauche occupent le fond de la vallée, les pâturages occupent les pentes jusqu'à la forêt. Beaucoup de vaches broutent nonchalamment l'herbe grasse et même un troupeau de chèvres traverse le chemin et grimpe dans les pâtures.
Nous traversons, de temps en temps, des écharpes de bois. Les arbres, sapins ou épicéas, comme dans toute la région, sont magnifiques : très droits et très hauts. Des billots écorcés, alignés le long du passage, attendent d'être enlevés et les pièces de 15 à 20 m ne sont pas rares. Bientôt, nous traversons une vraie forêt, aux fûts toujours aussi impressionnants. Nous arrivons enfin à la gare de téléski du Crêt du Merle. Jusque là, nous n'avons guère progressé en altitude malgré la distance parcourue, l'altimètre indiquant seulement 1497 mètres.
Une halte s'impose. Les cabines vides du téléski font une rotation ininterrompue. Il y a nombre d'autres téléskis dont nous apercevons les câbles et les pylones porteurs. Il faut dire que la Clusaz, que nous apercevons au fond du val et qui disperse de nombreux chalets dans l'adroit ensoleillé et boisé de la montagne, est un grand centre de sports d'hiver et, de ce fait, très bien équipé. Très belle vue sur toute la verdoyante vallée des Confins, sur le Danay, montagne modeste, dépassant de peu 1700 mètres et presque entièrement couvert par la forêt, séparant la Clusaz de la vallée du Borne et de la station du Grand Bornand. Encore plus au nord, Pierre, qui connaît très bien la région, nous désigne le Massif des Glières avec ses falaises et son plateau. Le plateau des Glières connut des heures de gloire, et de tristesse, quand les héroïques maquisards qui l'occupaient furent sévèrement accrochés par les miliciens et les Allemands. Un monument témoigne de leur sacrifice et perpétue leur souvenir.
Après un court repos, la progression continue. Nouveau téléski, et, enfin, une grimpée plus raide à travers bois et pâtures, puis, plus haut, un passage dans un sentier de glaise, très glissant, certainement très malaisé à emprunter en cas de pluie. Nous grimpons sans trop d'anicroches. L'altimètre indique 1700, puis 1800 mètres.
Encore un effort et nous atteignons l'extrémité inférieure de la Combe de Borderan à un peu plus de 1800m. La Combe, assez large, se creuse entre l'Aiguille des Calvaires (2322m) et l'Aiguille de Borderan (2492m).
Le ciel, qui semblait s'éclaircir ce matin commence à s'assombrir. Le brouillard noie les hauts de la Combe. Pourtant, nous aurions aimé poursuivre, au moins jusqu'au sommet de la Combe, vers 2100m, mais, de l'avis quasi général, il paraît plus sage de s'arrêter là pour pique-niquer et redescendre avant l'arrivée du mauvais temps. Personne ne tient à être copieusement arrosé comme, la veille.
Au bord du chemin, un long tronc, débarrassé de son écorce et en partie équarri, nous sert, tout à la fois de table et de siège. Le panier-repas est avalé en vitesse.
Tout se passe pourtant sans ennuis. La zone délicate traversée avec précaution, la descente continue. Finalement, il ne tombe que quelques gouttes de temps en temps malgré le ciel demeuré gris et les vêtements de pluie restent au fond des sacs.
Nous refaisons le chemin du matin. Par endroits, des parterres de rhododendrons commencent à s'orner de belles fleurs roses, mais, avec la grisaille, les coloris demeurent ternes.
Nous passons au-dessus d'une retenue artificielle, destinée à alimenter en eau les canons à neige, pour pallier aux caprices d'une météo parfois fantasque.
La descente se poursuit. Nous croisons maintenant beaucoup de promeneurs, venus de la Clusaz ou des Confins en toute quiétude car le ciel s'est éclairci.
Voici l'Hôtel des Confins où nous arrivons en milieu d'après-midi, et bien secs, alors que nous avions tant redouté la douche.
Tout est bien qui finit bien et encore une belle randonnée à notre actif.
Mardi 13 Juillet
Des Confins au Grand-Bornand.
L'orage a grondé dans la nuit, de très bonne heure, suivi d'averses, la dernière peu avant 7 heures, ce qui n'incite guère à l'optimisme.
Allions-nous pouvoir partir pour le Grand-Bornand et, faisant plaisir aux mordus, surtout de "la petite reine", assister au départ de l'étape "Grand-Bornand - Sestrières" ?
Petit déjeuner plus hâtif, vers 7 heures : tout le monde est là.
La pluie a cessé et le ciel laisse apparaître quelques trouées de bleu.
Allons-y ! Départ pour le col des Confins.
Là, s'amorce sur notre gauche la longue piste qui descend vers le Grand-Bornand, traversant quelques clairières et les bois superbes de Mortenay.
Nous admirons épicéas (qui prédominent) et sapins. Certaines grumes, allongées le long de la piste pour être enlevées, sont impressionnantes par leur volume et leur longueur. Dans les sous-bois, épilobes et reines des prés poussent à profusion ainsi que la grande gentiane jaune.
En approchant du lieu-dit " Frasses-Jacquier " la piste débouche sur une petite route goudronnée que nous suivons sur trois cents mètres environ. Il y a là, des prés très pentus où paissent de nombreuses vaches : n'oublions pas que nous sommes dans le pays du reblochon. Juste au-dessous d'une auberge campagnarde le sentier reprend, très glissant car la montagne est gorgée d'eau, ce qui demande des précautions pour éviter de se retrouver les quatre fers en l'air. Des ruisselets murmurent partout. Nous finissons par sortir de la forêt et traverser des pacages. Le Grand-Bornand, tout proche, est à nos pieds.
A la côte 930, nous arrivons au bas de la cité et traversons le Borne, torrent fougueux, dont une crue tristement célèbre , il y a quelques années, fit beaucoup de dégâts et nombre de victimes dans un camping inondé.
Une foule nombreuse se presse dans toutes les artères de la ville et de nombreux policiers règlent la circulation, car beaucoup de voies sont interdites aux véhicules non officiels, à cause du départ d'une étape du Tour de France.
Le bourg touristique connaît une grande effervescence : camions publicitaires, voitures suiveuses, véhicules des diverses équipes techniques chargées de vélos de remplacement sont partout. Circulent, munis d'un badge, tous ceux qui participent à l'infrastructure de cette énorme entreprise sportive.
Quelques-uns de nos amis, les plus passionnés, s'arrêtent et attendent près d'un hôtel où, paraît-il, Richard Virenque doit sortir pour rallier le point de départ de l'étape.
Nous sommes quelques autres, moins intéressés, à faire un tour dans la coquette cité..
Toujours des voitures suiveuses, et, en nombre surprenant, sagement alignées sur une place celles de FR2 et FR3, certainement là pour couvrir la course.
L'heure avançant, nous remontons la voie qui sera empruntée par les coureurs, sortis de leur hôtel, et , comme des milliers de curieux bien que personnellement fort peu intéressés par l'événement, nous attendons derrières les barrières le passage des héros du jour.
Des officiels passent : personnalités du monde sportif ou de la télévision. Nous reconnaissons, entre autres, Jean Claude Killy et M. Drucker. Puis, les coureurs arrivent, individuellement ou en petits groupes. Des applaudissements éclatent quand certains reconnaissent leurs poulains, ou le maillot jaune, ou les divers maillots, ou R. Virenque, ovationné par ses nombreux supporters.
Quand tout est fini, le départ ayant été donné au bas de la cité, la foule reflue, remontant la longue artère où nous nous trouvons. Nous la laissons passer.
Nos amis nous rejoignent et, enfin tous réunis, nous pensons au retour.
Après le pont qui franchit le Borne il y a un camping et, tout au bout, au pied de la montagne, un sentier très raide qui remonte les pentes du Danay. Il s'élève rapidement à travers une belle forêt, traversant quelques clairières, créées par des coupes de bois. Moins glissant que celui du matin, il permet une progression plus aisée et assez rapide.
Quelques arrêts regroupent les randonneurs.
A cause de l'altitude plus faible du Grand-Bornand, et à l'inverse de ce qui se fait habituellement, nous avons à grimper dans l'après-midi. Il y a donc intérêt à avaler le plus de dénivelé possible avant la pause du repas.
La marche continue et ce n'est que vers midi trente que nous nous arrêtons pour souffler et nous restaurer. Le panier tiré du sac est copieux, comme tous les jours ; détente fort appréciée, car les jambes commençaient à être lourdes.
Les inévitables cumulus bourgeonnants apparaissent dans un ciel jusque-là très serein.
Un coup de tonnerre nous incite à lever le camp et la marche reprend. Finalement, plus de peur que de mal car le soleil réapparaît.
A Frasses-Jacquier nous retrouvons le petit bout de route et, très vite, la large piste du matin à travers les fûts imposants du bois de Mortenay.
Pierre impose une halte pour nous enseigner comment faire un nœud de guide, très utile en cas de chute quand il faut remonter quelqu'un en toute sécurité, sans risque de strangulation. Démonstration faite, chacun s'y exerce à tour de rôle, conscient de l'utilité d'un tel geste, au demeurant fort simple. Merci pour cette démonstration !
La randonnée reprend, et très vite, nous atteignons le col des Confins.
Il n'y a plus qu'à se laisser aller sur le petit tronçon de route pour retrouver le havre de notre hôtel, avec le soleil, et les sourires de tous, surtout des inconditionnels de la petite reine, enchantés d'avoir pu voir le départ d'une étape de la Grande Boucle.
Mercredi 14 juillet
Une randonnée ... de remplacement
Il est bien vrai comme l'affirme le vieil adage que, si "l'homme propose, Dieu dispose" : la sortie envisagée pour ce jour, dans les montagnes faisant face à la station, l'hubac du massif des Aravis, n'a pu se faire.
Il pleut depuis la veille au soir, l'orage, violent, a tambouriné une bonne partie de la nuit, et quand nous nous rassemblons pour le petit déjeuner il pleut encore, quoique plus faiblement.
Après la substantielle collation, la pluie a cessé mais le temps reste couvert et la brume noie tout, jusqu'à mi-hauteur des montagnes. La sagesse impose de renoncer, ce que nous décidons d'un commun accord. Quartier libre pour tous et pour la matinée.
Certains en profitent pour se rendre en voiture à la Clusaz ou au Grand Bornan où se tient le marché hebdomadaire. Nous nous retrouverons dans la salle de restaurant pour le déjeuner et décider, en fonction du temps de ce que nous ferons l'après-midi.
Après le repas, le temps s'est éclairci assez pour nous permettre d'envisager une sortie de remplacement. Justement, Pierre Jourdain qui connaît bien ce coin de Savoie a repéré en fin de matinée une possible sortie dans les environs du Grand-Bornand, à savoir, le lac de Lessy, par le plateau de Samance et l'Aiguille verte (ne mas confondre avec celle mondialement connue du massif du Mont Blanc.
En voiture donc, pour la Clusaz, St Jean de SIXT ? LE Grand-Bornand, son hameau de Chinaillon et la route du col de la Colombière.
Le sentier démarre peu avant le col. Il redescend dans un creux herbu où les vaches paissent non loin d'un chalet, franchit un ru sur un pont de rondins et s'élève peu à peu au milieu de gros blocs et d'étendues herbeuses.
Nous laissons sur notre droite la sente qui conduit au départ d'une via ferrata.
La montagne qui nous domine se termine par une falaise et quatre grimpeurs, accrochés à la paroi, progressent lentement vers un replat.
Notre marche continue en bordure de pâturages dont nous ouvrons et refermons les barrières. Le plateau de Samance traversé, la pente devient plus raide. Certains passages, ravinés, sont très glissants.
Jusque-là bien soudé le groupe s'éparpille : Jacques caracole seul en tête , Joseph et votre conteur suivent plus loin, un peu en avant du reste de la troupe.
Arrivés à un col, carrefour de plusieurs sentiers, nous prenons celui de droite.
Il s'élève un peu en contre-bas de l'Aiguille verte, la bien nommée car une herbe courte mais drue pousse jusqu'à son sommet, traverse à flanc la montagne pour arriver à un ensellement. Le lac de Lessy, en forme de haricot, est à nos pieds. On remarque quelques chalets d'estive, un peu au-dessus de la rive nord du lac.
Des nuages montent, couvrent le ciel. Un peu de brouillard même. Les eaux du lac paraissent glauques, l'herbe, grise. Quelque chose de fantomatique se dégage du paysage, un peu de mélancolie distillée par un loch écossais, perdu dans la lande brumeuse.
Pas un cri, pas un bruit. Moutons et vaches paissent, beaucoup plus bas.
Nous retournons. Jacques nous a précédé. Les autres suivent et nous croisent.
Arrivés au col, Joseph et moi marquons l'arrêt pour attendre le retour de nos compagnons.
M'écartant de quelques pas à la recherche, à l'abri d'un coin abrité du vent, afin de revêtir un tee-shirt sec, j'ai l'agréable surprise de me trouver presque nez à nez ….. avec un jeune bouquetin. Le gracieux animal, aisément reconnaissable à sa robe plus claire et se fines cornes plus longues que celles des chamois, ne semble aucunement effarouché par ma présence. Il m'observe un long moment sans broncher puis se remet à brouter les touffes de l'herbe dont il est friand
.
Avançant dans sa direction, vers une petite combe entourée de rochers, je tombe sur tout un troupeau de ces jolies bêtes, parure vivante de nos montagnes.
Je fais un signe de la main à Joseph qui me rejoint, ravi à son tour de contempler le troupeau, toujours éparpillé dans la pâture.
On nous avait bien dit à l'hôtel, que dans ce secteur, proche du Grand-Bornant, les bouquetins étaient en nombre, et, habitués au passage des marcheurs, peu farouches, mais nous ne pensions pas qu'ils fussent si faciles à approcher.
Le reste de l'équipe nous rejoint et se réjouit du spectacle. Nombreuses photos prises pour garder une trace durable de l'événement.
Quand nous reprenons la longue descente vers les véhicules le troupeau est encore là, éparpillé dans sa pâture des hauteurs.
L'heure avance. Les voitures retrouvées, nous filons vite pour retrouver l'hôtel avant le repas du soir.
Finalement, cette journée si mal commencée s'est terminée dans l'euphorie.
Au dire de tous, le spectacle du troupeau de bouquetins valait à lui seul le déplacement et personne ne regrettait les fatigues de la longue marche.
Jeudi 15 Juillet
Journée de détente .
Après quatre jours de randonnées parfois dures il fallait bien souffler un peu.
Aussi, d'un commun accord, nous décidons de consacrer cette journée au tourisme.
Direction: Chamonix , ce haut lieu touristique que certains ne connaissent pas, et que d'autres aimeraient revoir.
Le petit déjeuner avalé, le panier repas récupéré, mais pas de sac à boucler, en route!
La Clusaz traversée, nous grimpons au col des Aravis, au milieu de gras pâturages.
Puis, c'est la descente très rapide vers La Giettaz et son remarquable clocher, en cours de rénovation à en juger par les échafaudages qui le ceinturent, Flumet dans la vallée où, laissant la route qui file vers Annecy, nous empruntons, sur notre gauche, celle qui remonte la vallée de l'Arly.
Les gorges traversées, le val s'élargit en approchant de Mégève, la station à la mode, la coqueluche d'une certaine société, mais dont la notoriété nous paraît relever d'un certain snobisme car le cadre ne diffère guère de celui de maintes vallées savoyardes tout aussi belles et moins réputées. Profusion d'hôtels, de commerces, surtout de commerce de luxe pour une clientèle fortunée, et de chalets dispersés dans les prairies qui font à la cité un écrin de verdure.
Descente vers Saint-Gervais, et, après les Houches, arrivée à Chamonix.
A l'entrée de la ville, cap sur le parking du départ pour le Brevent, étape incontournable si l'on veut admirer le massif du Mont-Blanc dans toute sa majesté.
Billets pris, nous voici bouclés dans la cabine du téléphérique qui va nous hisser, après une montée vertigineuse, presque à la verticale, et un arrêt pour changement de Cabine à une gare intermédiaire, des 1000m de la vallée aux 2525m du sommet du Brevent.
Beaucoup de monde au sommet sur l'étroite plate-forme où une petite boutique dispense repas légers, boissons et les inévitables objets souvenirs qu'on trouve sous toutes les latitudes. On s'en entiche parfois, pour regretter très vite cet engouement passager.
Le panorama embrassé du Brevent est magnifique.
Derrière nous, prolongeant le Brevent, les Aiguilles Rouges, déchiquetées, à nos pieds, la vallée de l'Arve où Chamonix disperse ses Constructions de toutes sortes, sur notre droite, les glaciers des Bossons et du Taconnaz qui descendent très bas, séparés par un éperon couvert de bois et de pâtures. Ils sont d'un blanc sale, et celui des bossons se termine par des séracs impressionnants par leur taille.
Quand un coup de vent bien venu en l'occurrence dissipe le brouillard qui coiffe généralement les cimes nous avons la joie de contempler, dans toute son étendue, le magnifique massif du Mont Blanc.
Flanqué du Mont Blanc du Tacul, le dôme blanc, éclatant sous le soleil, du plus haut sommet de l'hexagone, et de l'Europe, domine majestueusement tout un monde de cimes, de pic d'aiguilles et de vastes étendues de glaces et de neiges.
Nous étions venus pour le voir. Nous en sommes ravis et les amateurs de photos s'en donnent à cœur joie.
Très impressionnante est l'Aiguille du Midi (3840m), accessible par un téléphérique et dominant le Val de Chamonix de plus ce 2800m
Pique-nique sur la plate-forme du Brevent.
Après la redescente vers la ville, nous décidons, pour bien terminer la journée, d'aller voir la Mer de Glace.
Devant la petite gare Mer de Glace-Montenvers il y a une foule énorme, et les convois, composés de deux voitures et dont la cadence de rotation est rapide, sont bondés.
Le chemin de fer à crémaillère grimpe rapidement à travers la forêt, et, après 2 ou 3 arrêts à des stations intermédiaires, pour permettre les croisements, arrive à la gare supérieure du Montenvers, à 1900m d'altitude.
La vue est très belle sur toute la large vallée glaciaire, l'Aiguille Verte très proche, le Dru, et, tout au fond, les Grandes Jorasses.
Nous dominons la Mer de Glace, glacier qui descend beaucoup plus bas, jusqu'à la côte 1400m environ. La surface du large fleuve de glace est d'un blanc très sale, jaunâtre, encombré de rochers, de cailloux, de terre, de tous les débris que le vent et le dégel y ont accumulés.
Un téléphérique nous descend de la gare terminale sur le glacier.
Des filets d'eau blanchâtre ruissellent sur sa surface chauffée par un soleil ardent. Creusée dans l'épaisseur de la glace, retaillée chaque année, une grotte que nous visitons présente un appartement, en glace et dans la glace, avec les diverses pièces d'habitation salle à manger, cuisine, chambre, etc. La glace, ici débarrassée des scories de la surface, apparaît bleutée.
Pour ne rien perdre des curiosités de l'endroit, nous nous dirigeons vers un petit musée géologique, creusé, lui, dans la paroi de la montagne, qui expose une grande variété de cristaux (dont de très belles émeraudes tirés des profondeurs des roches de la région, avec des panneaux portant toutes les explications nécessaires.
Remontée à la gare et retour à Chamonix.
Il n'est point trop tard pour se promener et faire du lèche vitrines dans la cité, noire de touristes, venus de tous les continents, et ,singulièrement, de très nombreux Japonais: Chamonix et le Mont Blanc exercent une véritable fascination.
Des échafaudages, des murs noircis et quelques toits manquants, marquent les traces du sévère incendie qui a dévasté une partie du coeur ancien de la ville l'hiver dernier.
Mais l'heure avance et il faut penser au retour.
La foule est toujours aussi dense et les parkings archi-bondés quand nous regagnons les voitures pour refaire, à l'envers, le chemin du matin.
Inutile de dire que tous étaient ravis d'avoir vu -ou revu- CHAMONIX et le Mont Blanc et de retrouver, après le brouhaha des artères chamoniardes, le calme de l'hôtel des Confins.
Vendredi 16 juillet
Les Confins : combe de la Balme -
la petite Torchère (2091m)
Nous envisageons de faire ce jour la sortie prévue le mercredi 14 annulée à cause du temps maussade.
Ce matin le temps est franchement beau : Un grand soleil inonde la vallée des Confins , faisant briller les verdures et étinceler les névés accrochés au pied des cimes.
Au départ, la randonnée emprunte le chemin déjà suivi le lundi 12 Juillet, avec sa succession de montagnes russes, tour à tour sur une large piste ou sur un sentier étroit, traversant des pâtures où se prélassent des vaches placides, ou d'étroites écharpes de bois.
Arrivés sous les câbles du remonte-pentes de la Balme, nous prenons sur la gauche la large piste de ski, très souvent à forte déclivité, qui, plein sud, grimpe vers les stations du remonte-pentes et le sommet de la montagne.
Une fois de plus le groupe s'effiloche, car certains peinent dans la dure montée.
Premier regroupement à la première gare, à 1800m d'altitude, dominée par le sommet pointu de la Petite Torchère (2091m).
Courageusement, même celles qui ont peiné pour arriver là veulent continuer, et la marche se poursuit > 1900m, 2000m. Bientôt, plus d'herbe, seuls quelques myosotis blancs parent, ça et là, l'aridité sévère de nombreuses coulées de pierres.
Nous traversons, ou côtoyons, de très nombreux névés. La grimpée continue, à travers des pierriers ou les chaos de blocs.
A la côte 2250m nous atteignons la combe de la Balme et remontons le bord du gros névé qui en occupe le fond.
Si la vallée demeure ensoleillée, ici, la brume enveloppe et cache les sommets et la partie supérieure de la combe. Il fait même un peu frais et un vêtement chaud s'impose.
La falaise de la Grande Torchère (2300m) nous domine de peu et la Petite Torchère est beaucoup plus basse.
Comme l'environnement : neige durcie ou pierres aiguës, n'est guère favorable, nous redescendons pour trouver un endroit plus agréable, et nous installer pour le dernier pique-nique de la semaine de randonnée .
A l'orée des premiers névés, une petite butte, hérissée de roches plates, moutonnées, burinées par l'érosion glaciaire, s'offre à nous.
Pendant le repas, propos joyeux certes, comme toujours, mais un peu de mélancolie, à la pensée que le lendemain, nous allions prendre congé de ce joli coin verdoyant de Savoie et retrouver, après une longue route, notre Midi où règne chaleur et sécheresse.
Même si certaines avaient les jambes lourdes, personne n'en fit état.
Cette semaine de randonnée, commencée sous la pluie, se terminait en apothéose : pas d'accident, pas d'incidents, pas de bobos. Le courage et l'endurance de nos dames vaillantes même celles qui prétendaient être venues en touriste, forcèrent l'admiration.
Un grand bravo pour tous, et surtout pour les dames du club.
HOTEL du lac des Confins
Dimanche 11 juillet 1999
La Combe de la Grande Forclaz
Une bonne nuit de sommeil - la fraîcheur et le calme du lieu s'y prêtent - nous ayant bien remis des fatigues du long voyage, toute l'équipe (douze adultes et une fillette) se retrouve dans la salle de restaurant de l'hôtel pour le petit déjeuner, copieux et bien venu. Chacun prend ensuite le panier-repas préparé par notre hôte.
Les sacs bouclés, nous voilà partis en direction du col des Confins, terminus de la petite route goudronnée sur un vaste parking, à 1479 m d'altitude.
Beaucoup de voitures y sont garées, avec quelques randonneurs, reconnaissables à leur équipement, et nombre de simples promeneurs.
Une large piste de terre part sur notre gauche, traversant tour à tour des pâtures à l'herbe drue et haute, et des écharpes de bois mêlant épicéas et sapins, essences très reconnaissables à la disposition de leurs aiguilles.
Ce chemin, où alternent de légères montées suivies de courtes descentes, continue presque de niveau vers l'Est, pour ne gagner de l'altitude que peu avant le refuge de la Bombardellaz que nous atteignons à la côte 1601 m. Là, changement de direction. Nous prenons à droite un sentier qui grimpe rapidement à travers la forêt. Le groupe de randonneurs, jusque-là bien compact, s'effiloche rapidement sur la pente raide et les "bons" grimpeurs creusent l'écart. Mais, l'esprit d'équipe l'emportant, comme toujours au Club (!), quelques courts arrêts permettent le regroupement des "mangeurs".
La vue est superbe sur la vallée du Borne : le Bouchet à nos pieds, le Grand-Bornand vers l'ouest, et leurs nombreux chalets de bois dispersés à l'orée des forêts ou en bordure des prairies. Au-dessus du royaume des arbres, de vastes alpages montent à l'assaut des sommets. Partout le vert domine : vert sombre des conifères, vert tendre de l'herbe. Beaucoup de fleurs dans les herbages : fines aigrettes blanches des reines des prés, trolls d'un jaune magnifique, touffes denses d'épilobes roses, des gentianes, la grande jaune et la délicate petite bleue, des pensées, touffes d'arnica, de myosotis qui parent de leur fines corolles bleues les creux de roches et se contentent pour vivre d'une pincée de terre. Par places, de vastes parterres de rhododendrons commencent à fleurir dans les coins les mieux exposés.
Nous continuons de grimper : l'altimètre indique 1700 m, puis 1800m. Courts paliers, permettant de souffler, et durs raidillons se succèdent. Nous longeons de nombreux névés nichés dans les creux. Encore un effort dans les lapiazs burinés par le gel et nous atteignons la Combe de la Grande Forclaz à 2001 m d'altitude
. Deux monts l'entourent et la dominent : le Mont Fleuri (2511m) à gauche et l'Ambrevetta à droite qui culmine à 2501m.
Entre ces deux sommets, la Combe abrite un large névé qui, sur 1,5 km environ remonte jusqu'au Passage de la Grande Forclaz, un col à 2311m.
Le chemin continue dans un pierrier, et, à peine visible, zigzague en lacets à travers l'imposante masse neigeuse, durcie par le froid , d'un blanc sale.
Faute de piolets pour tous, et surtout de crampons pour tenir sur la glace, nous décidons sagement de ne pas nous y aventurer, simplement de le longer un moment et de le fixer sur la pellicule. Malgré la saison avancées, maints névés subsistent, partout où la neige s'est entassée sur une grande épaisseur.
La benjamine du groupe, la mignonne Sabine, qui n'a pas onze ans et dont la foulée souple peut rivaliser aisément avec celle de marcheurs chevronnés, est aux anges, fière d'être photographiée sur un névé, dans un environnement de très hautes cimes.
Dans moins de deux mois, à son entrée en 6ème au Collège de Mouans-Sartoux, elle en aura à raconter à ses camarades de classe. Bravo, Sabine !
Plus de forêts ici, ni d'herbages (nous sommes sur le versant nord du massif des Aravis et l'hubac accentue les effets de l'altitude), mais une zone d'éboulis importants, surtout au pied de la falaise de l'Ambrevetta. La roche fissurée, gorgée d'eau, éclate sous les effets combinés et antagonistes du gel et du dégel, et les débris s'accumulent au pied des cimes, les éléments les plus gros roulant plus bas et plus loin, d'où ces blocs parfois énormes, que nous contournons.
L'heure avance et visiblement le temps commence à se gâter. Des cumulus, de plus en plus nombreux, grossissent, s'agglutinent, et le brouillard, qui estompe les crêtes, descend sur le névé.
Prudemment, nous rallions un coin plus abrité, plus clément, pour le pique-nique rituel, la longue marche ayant aiguisé les appétits.
Une zone de roches plates, permettant un bivouac presque confortable, paraît propice. Installons-nous ! Panier-repas tiré du sac, tout à la fois copieux, savoureux et varié -l'hôtelier a bien fait les choses- melons équitablement répartis par Pierre, Joseph faisant de même pour le fromage, les dents ne chôment pas et tout est rapidement ….. mis à l'abri, surtout que la peur du mauvais temps nous talonne.
Cris et vols de choucas, ces corbeaux des montagnes qui, dès notre départ, s'abattront sur les lieux de notre festin pour en dévorer les moindres restes.
Tiens ! quelques gouttes espacées voltigent.
"Il va pleuvoir", dit Jeannine. Dépêchons-nous de filer ! Sous un ciel devenu gris nous remballons nos affaires, et en route pour la descente !
Le retour s'avère malaisé par endroits sur les pierres rendues glissantes par la pluie, tombée sans crier gare et de plus en plus épaisse.
Quelques-uns, plus avisés, avaient enfilé leurs ponchos dès le départ. Plus bas, dans la forêt retrouvée, à l'abri d'un gros sapin, ceux qui ne l'avaient pas fait tantôt revêtent leurs vêtements de pluie, indispensables car l'averse redouble de force. Nous atteignons vite le refuge de la Bombardellaz et la longue piste qui y conduit. Coups de tonnerre, pluie cinglante.
Beaucoup de promeneurs, ou randonneurs, surpris par l'orage, un moment arrêtés sous l'abri précaire d'un bouquet d'épicéas, se hâtent de regagner le parking du col des Confins, pataugeant dans les ruisselets d'eau boueuse.
Un peu de descente , sur la route cette fois, et nous voilà à l'abri douillet de l'hôtel.
Malgré les intempéries qui avaient perturbé la sortie, nous étions heureux de cette première randonnée dans les Aravis !