Chemin de Stevenson suite et fin Juillet 2011
Nous voilà partis ce 9 juillet 2011 pour accomplir notre deuxième et dernière étape du mythique chemin que Robert Louis Stevenson, écrivain écossais protestant, effectua en 1878 dans Les Cévennes des Camisards, haut lieu de la résistance protestante et fief des Huguenots.
Au cours de notre voyage, petit arrêt au château de Portes, mariage d’une forteresse médiévale et d’un bastion Renaissance, d’une conception unique en France et sa vue panoramique sur les vallées du mont Lozère.
Arrivée à Chasseradès, terme de notre étape de l’an dernier. L’apéritif d’accueil concocté par certains de nos amis nous met dans l’ambiance.
Le lendemain, agréable randonnée dans la forêt domaniale du Goulet et sa source du Lot, direction le Bleymard situé au pied du mont Lozère dans un cadre verdoyant, avec ses maisons de schiste dont celle dite « Peytavin » conservée dans un état remarquable. Quelques enseignes peintes sur le fronton des boutiques anciennes, une succession de linteaux, des cheminées chapeautées par de grandes lauzes accrochent notre regard.
Notre deuxième étape est l’ascension des croupes dénudées du mont Lozère jalonné sur son chemin de hautes pierres de granite taillées telles des sentinelles, appelées montjoies. Elles servaient autrefois de repères à ceux qui se perdaient dans la brume. Certaines (que nous avons vainement cherchées avec Danièle) sont gravées de croix de Malte marquant la limite de la propriété des Chevaliers de Malte de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem. Au sommet du sommet de Finiels, le plus haut sommet de Lozère (1 699 m), une vue panoramique époustouflante sur les Cévennes nous éblouit. L’harmonie du paysage et le calme des lieux invitent à la méditation.
Au village de Finiels, où une petite source d’eau POTABLE fraîche nous attend, quel bonheur…découverte émouvante d’anciennes tombes protestantes dans des jardins privés aux abords des maisons. En effet, les protestants ne pouvaient être ensevelis dans des cimetières catholiques. Il est intéressant de noter que dans certains villages, cette coutume est toujours tolérée pour leurs descendants. Très beau parcours au milieu des chaos de granite, image lunaire. Des framboises au bon goût de maraude font aussi des retardataires…
Puis c’est la rude descente au Pont-de-Montvert où nous passons la nuit, village symbolique puisque c’est là que la guerre des Camisards a éclaté. Nous avons eu chaud, aussi bière et autres boissons fraîches sont oh combien les bienvenues ! Quant à Geneviève, ni une ni deux, elle s’est précipitée dans le Tarn tout proche pour faire quelques brassées. Promenade digestive dans les rues typiques du village, ses façades d’échoppes moyenâgeuses et son temple protestant.
Troisième jour, une étape de 20 kilomètres nous attend, cap sur Florac. L’itinéraire nous conduit à la rencontre d’un paysage magnifique parsemé de hautes gentianes jaunes, épilobes, bruyère, géraniums des forêts et bien d’autres encore.
Mais au col du Sapet, rien ne va plus, c’est la chute de Danièle, en béatitude nous dira t’elle plus tard à la vue d’un menhir dans un paysage il est vrai envoutant. La voila qui tombe en arrière dans la bruyère en fleur en voulant prendre la photo d’un cairn, et se tord le poignet. Par chance, Camille, médecin de son état et Brigitte son épouse, infirmière (quelle chance des les avoir avec nous) prennent les choses en main et amènent notre pauvre Danièle à l’hôpital de Mende pour un diagnostic.
La nouvelle tombe un peu plus tard : poignet cassé et opération décidée le soir même. (Nos deux secouristes en seront quittes pour passer la nuit dans la cité qui depuis n’a plus de secret pour eux).
Cellule de soutien psychologique mise en place pour le reste de la troupe (c’était pour rire) qui entreprend la descente, avec peut-être plus d’attention qu’à l’accoutumé, sur Florac, l’une des capitales du pays camisard avec Alès, où nous logeons. Il a beaucoup plu toute le nuit, le temps est maussade ce matin, la randonnée est donc remplacée par une visite fort agréable des vieux quartiers et de son château, en attendant nos amis qui nous ramènent notre Danièle, bras plâtré mais pas décontenancée, affichant même un certain fatalisme !
Petite incursion au village de Bedouès avec sa collégiale et l’église Saint-Saturnin au remarquable décor peint du milieu du XIXe siècle. A Cassagnas où nous logerons, un somptueux buffet notamment avec de succulents desserts à la châtaigne (n’oublions pas que celle-ci règne en maîtresse dans la région) nous requinque.
Nous traversons le lendemain matin une bucolique forêt et ses hautes fougères, la température est clémente. Au sommet c’est la découverte d’un menhir avec dans l’alignement une sépulture préhistorique. Un peu plus loin, pique-nique dans une châtaigneraie près de vestiges d’une villa gallo-romaine. Sur les flancs du Mont-Mars, au lieu-dit Saint-Clément, sur le chemin menant du plan de Font-Mort au col de la Pierre Plantée se trouvait une autre villa gallo-romaine relativement importante dirigeant un domaine au cours du IIe et IIIe siècle de notre ère. Au col dit de la Pierre plantée, un menhir près d’un réservoir semble attendre le randonneur pour lui offrir une petite pose.
Nous savourons la beauté des paysages cévenols.
La cinquième étape nous conduit au sympathique village de Saint-Germain-de-Calberte où les plus courageux ont le grand bonheur de faire une visite passionnante du château de Saint-Pierre - isolé et accessible uniquement à pied - par ses propriétaires qui le restaurent depuis trente ans avec un courage qui nous émeut.
Mais une autre surprise bien moins drôle nous attend au gîte : la présence de PUNAISES de lit, ennemies jurées du randonneur ! Au repas du soir, déjà les merguez au goût douteux du couscous avaient été retournées en cuisine… Le lendemain matin, heureusement tout le monde est sain et sauf, mais les punaises sont bien là. Certains d’entre nous ont été piqués, d’autres en ont trouvé sur leurs vêtements ou sur leurs draps bref, panique générale. Inspection des vêtements, valises et sacs à dos. Autant vous dire que ces petites bêtes répugnantes auront largement alimenté nos conversations. Nous ne nous attarderons pas à vous conter tels des pestiférés la désinfection de nos personnes, vêtements, sacs, chaussures, intérieur des voitures, etc. etc. etc. à notre retour.
Le lendemain, Saint-Jean-du-Gard la méridionale, ultime étape de notre périple cévenol tout comme Louis Stevenson. Le paysage devient plus méridional. Rude et caniculaire montée pour atteindre le col de Saint-Pierre en ce début d’après-midi qui marque l’entrée dans le Gard.
Enfin nous arrivons chez nos charmants hôtes du gîte (à recommander celui-ci). Re-inspection de tout notre paquetage dans le jardin, (on se serait crû dans la folle ambiance d’un vide-grenier).Heureusement, un kir au sirop de sureau - excellent - suivi d’un aligot, pélardons et autres fromages de chèvre du pays, enfin d’une tarte aux prunes du jardin, non moins savoureux, nous redonnent du baume à l’âme et à l’estomac. Il faut dire que nous en avons bien besoin. Pas moins de dix confitures différentes nous seront proposées au petit-déjeuner, une aubaine…
Ce 16 juillet, en raison de la chaleur et du peu d’intérêt des paysages d’une étape devant nous conduire à Alès, nous préférons à l’unanimité visiter la bambouseraie d’Anduze, invitation à la découverte de son étonnante forêt de bambous géants et autres arbres et plantes d’exception. L’après-midi est consacré à une visite guidée passionnante du musée du Désert retraçant le passé huguenot dans la maison natale du grand chef camisard Pierre Laporte, sur la commune de Mialet, puis du musée des Vallées cévenoles.
Dimanche, c’est le retour. Petite incursion à Uzès avec la visite du beau duché pour les uns, les autres flâneront dans les rues. Et c’est la fin de notre belle aventure.
Les Cévennes resteront pour nous de magnifiques paysages où la nature est préservée.
Merci à Geneviève et à Monique de nous avoir concocté ce beau périple sur les pas de Stevenson. Il nous reste heureusement les photos pour ne pas perdre la mémoire des images, des sensations, des odeurs. Merci, Geneviève, Monique, sans oublier nos urgentistes Brigitte et Camille pour votre gentillesse, votre disponibilité et votre bonne humeur sans faille.